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Perchée sur un coteau qui surplombe la Loire, isolée au milieu des grasses prairies qui l’entourent, la ferme de Bruno et Chantal Simon inspire douceur bucolique et apaisement de l’âme. Il ne faut pas s’y fier car cette exploitation agricole de Denée – bourgade rurale de 1 400 habitants située à 20 kilomètres au sud-ouest d’Angers, dans le Maine-et-Loire – fait souffler un vent de révolte dans la campagne d’Anjou.
Le 24 septembre, la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) des Pays de la Loire a décidé de confier l’exploitation des 170 hectares laissés vacants par le couple Simon à leurs voisins, des agriculteurs déjà bien établis, au nez et à la barbe de quatre jeunes candidats à l’installation. Un choix immédiatement contesté par une partie du monde rural (la Confédération paysanne et les groupements d’agriculteurs bio notamment) qui y voit là l’ombre du syndicat majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), plutôt rangé du côté de l’agriculture « conventionnelle ». Et qui occupe accessoirement douze des vingt-quatre sièges du conseil d’administration de la Safer régionale.
A quatre mois des élections dans les chambres d’agriculture, le dossier prend dès les premiers instants un tour politique alors que la question de la transmission et de l’installation des jeunes est un sujet majeur pour l’agriculture tricolore. Le nombre de fermes est ainsi passé de 490 000 en 2010 à moins de 390 000 en 2020, selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
Les quatre jeunes éconduits par la Safer, tous âgés de 28 à 32 ans, entendaient marier élevage allaitant et vente directe, culture de céréales et maraîchage bio ainsi qu’un fournil pour la confection de pain. Un projet bien dans l’air du temps mais « pas assez mûr », selon la Safer, qui a fait fi du pedigree des intéressés : deux ingénieurs agronomes, une conseillère de coopérative d’installation en agriculture paysanne et une animatrice d’un centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural.
Un profil de techniciens qui leur a permis une levée de fonds exceptionnelle (685 000 euros récoltés auprès de 270 particuliers enthousiastes en moins d’un mois) et de convaincre le Crédit agricole de leur prêter 400 000 euros. Le Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire s’est lui-même engagé à acheter une quarantaine d’hectares situés en zone inondable pour faciliter leur projet.
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