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Nouvelle-Calédonie : avec l’élection de Christian Tein à la tête du FLNKS, les indépendantistes font le choix d’une ligne dure

Tout au nord de la Nouvelle-Calédonie, la tribu de Pagou, à Koumac, va donner son nom à un congrès qui restera dans les annales du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). L’alliance indépendantiste avait choisi le lieu-dit Bois noir, du nom de cet arbre en forme de parapluie sous lequel l’on se rassemble pour se protéger de la pluie ou du soleil, pour son 53e congrès extraordinaire. Extraordinaire, il l’a été, avec la désignation, samedi 31 août, de Christian Tein comme président du FLNKS. Soit l’emblématique leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), placé en détention provisoire au centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin) depuis le 23 juin pour son rôle présumé dans les violences qui secouent l’archipel depuis presque quatre mois et qui ont causé onze morts.
Un poste qui n’était plus pourvu depuis 2001, au profit d’une « animation tournante » des quatre composantes historiques du front. Avec pour conséquence un fonctionnement hors-sol et une culture de l’atermoiement en partie responsable de l’échec de la revendication indépendantiste, avaient dénoncé, sans fard, les jeunes militants de la CCAT, lors de la toute première assemblée générale du mouvement, en juin.
« C’est le congrès de la réconciliation du FLNKS avec le peuple indépendantiste, avec la jeunesse », se félicite Laurie Humuni, secrétaire générale du Rassemblement démocratique océanien, le parti actuellement chargé d’animer le FLNKS. La CCAT, organisation indépendantiste mise en cause par le gouvernement dans les émeutes, se voit d’ailleurs reconnaître comme « outil de mobilisation politique ». De leur côté, les « nationalistes », cette petite dizaine de mouvements qui gravitent autour du FLNKS, qui ont pour point commun d’incarner une ligne dure, ont enfin obtenu le sésame qu’ils attendaient depuis longtemps : une place au côté des quatre composantes historiques.
De fait, le curseur au sein du FLNKS s’est déplacé. L’Union progressiste en Mélanésie (UPM) et le Parti de libération kanak (Palika), partis considérés comme modérés, n’ont pas participé à ce congrès, dont ils ne cautionnaient pas l’ordre du jour. Interrogé par la chaîne Nouvelle-Calédonie la 1re, Victor Tutugoro, le président de l’UPM, a dénoncé « une décision unilatérale, prise alors que l’on sait très bien que [Christian Tein] est le responsable de la CCAT, mouvement à l’origine des destructions et des émeutes. Il y a un risque d’implosion du FLNKS ».
Les non-indépendantistes, pour qui Christian Tein (qu’ils qualifient de « terroriste ») est un véritable épouvantail, ont saisi la balle au bond pour dénoncer « une funeste provocation », marquant le FLNKS « du sceau de l’infamie » et ne permettant plus de le considérer « comme un interlocuteur légitime ».
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